Ma dose d’otium

La formation en détail
Thématique globale / contexte
Le Campus groupe AFD vous propose ‘une dose d’otium‘ animé par le Campus et le sociologue et historien Jean-Miguel Pire, auteur de « L’otium du peuple, à la reconquête du temps libre »
Six sessions de deux heures enregistrées en direct pour faire un pas de côté et explorer quelques leviers transformationnels, et alimenter nos nouvelles compréhensions du monde. L’historienne Michelle Perrot, le sociologue Mickaël Dandrieu seront parmi les personnalités qui viendront témoigner et débattre avec lui ce semestre autours de ce concept : l’otium, un concept dont on retrouve aujourd’hui la pertinence pour sortir de nos automatismes et réapprendre à respirer.
Les objectifs du cycle de conférences
Prendre le temps de penser « gratuitement » est une nécessité humaine et démocratique pour accroître son discernement, son imaginaire, son empathie, à l’heure de la captation croissante, et inédite de notre « temps de cerveau disponible » par les réseaux sociaux, les écrans, et de l’envahissement incontrôlé de la réalité par l’intelligence artificielle. Cette captation addictive a des conséquences néfastes qui se manifestent dans l’éducation, la culture ainsi que sur l’exercice de la citoyenneté. L’objectif est de transmettre les outils d’une revalorisation du temps consacré au « loisir intelligent ».
Pédagogie & activités
- Session 1 – Otium : un nom pour désigner le temps libre dédié à notre intelligence. Comment l’otium peut être un levier sémantique capable d’aider chacun à redevenir protagoniste de son « temps de cerveau disponible » avec Jean-Miguel Pire et Sarah Marniesse. Cette première session a ouvert le cycle en revenant à la racine : qu’est-ce que l’otium ? Ni repos passif ni temps vide, mais un temps à soi, affranchi des injonctions productivistes. Un espace mental, libre et fécond, où l’on cultive sa curiosité, son discernement, sa conscience citoyenne.
- Session 2 – Les enjeux démocratiques de l’otium. Comment la valorisation du temps consacré au « loisir intelligent » peut redonner au plus grand nombre les moyens d’une citoyenneté éclairée, active, responsable avec Jean-Miguel Pire et Michaël Dandrieux. Cette deuxième session a creusé le lien entre otium et citoyenneté. Une démocratie ne se limite pas à un bulletin dans l’urne : elle suppose une pensée active, un esprit critique, un temps pour l’argumentation. Michaël Dandrieux a montré combien l’instantanéité numérique mine nos capacités de débat et d’écoute. L’otium devient alors un impératif démocratique : créer des zones de respiration où chacun.e peut s’informer, douter, questionner, se forger une opinion éclairée. Il ne s’agit plus seulement de défendre le temps libre, mais de l’investir comme bien commun.
- Session 3 – L’otium et l’accès universel au loisir intellectuel. Nadine Machikou, politologue à l’Université de Yaoundé, et Jean-Miguel Pire, interrogent la place de la réflexion et de l’éthique de soi dans ces conditions extrêmes, de grande précarité, soulignant le rôle essentiel de l’attention et de l’organisation du temps dans l’émancipation individuelle. Nadine Machikou a rappelé que, précisément dans les contextes les plus difficiles, l’attention à soi, la réflexion, le silence peuvent être des leviers d’émancipation. Penser devient ici un acte de survie, un refus du chaos. L’otium est défendu comme une ressource fondamentale – tout aussi vitale que l’eau ou l’éducation – qu’il faut protéger et rendre accessible, partout.
- Session 4 – L’otium et la décolonisation : une reconquête de la pensée libre. Avec El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, journaliste, écrivain et docteur en sociologie. Dans cette session, otium et décolonisation se croisent pour éclairer un combat commun : celui de la souveraineté intellectuelle. Elgas a proposé une lecture du rapport entre colonisation et dépossession du temps. Dans une perspective postcoloniale, retrouver l’otium, c’est retrouver une pensée autonome, sans ressentiment ni assignation. Le débat a ouvert la voie à une réflexion sur l’éthique du don et du désintéressement, comme alternative aux logiques de revanche.
- Session 5 – L’otium : un levier de liberté. Dans cette session, l’historienne Michelle Perrot est revenue sur la genèse des congés payés dans les années 1930, montrant combien la conquête de temps libre fut pensée comme un levier de transformation sociale. Il ne s’agissait pas seulement de repos, mais d’une ambition politique : émanciper par la culture, l’instruction, la pensée. Michelle Perrot a également prolongé cette réflexion à partir de son travail sur l’intimité des chambres : ces espaces clos, souvent modestes, mais essentiels pour penser et exister pour soi. À l’instar des congés payés, ces chambres deviennent des lieux d’otium — des refuges de pensée, en particulier pour les femmes, longtemps privées d’un « lieu à elles ». La redécouverte de l’otium doit nous permettre de renouer avec cet esprit d’émancipation.
- Session 6 – De l’intime à la cité : l’otium comme acte politique. Pour clôturer le cycle, Jérémie Peltier a exploré comment inscrire l’otium dans les politiques publiques et les imaginaires collectifs. Dans une société saturée par les flux numériques, promouvoir le loisir intelligent, c’est défendre notre capacité à penser, débattre, inventer. Les pistes évoquées – think tanks, politiques éducatives – ont dessiné une feuille de route. Car préserver du temps pour la pensée libre n’est pas une option : c’est une urgence démocratique. Il s’agit en somme d’élargir la focale : passer de l’intime (pratiques individuelles d’otium) au politique (mesures collectives pour promouvoir l’otium).
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